06 mars 2006

6 a Génocide






L'histoire du Cambodge est marquée par le régime de Pol Pot (1975-1979), qui a fait 3 millions de victimes (sur les 9 que comptaient le pays à ce moment là). Pol Pot et sa clique, à la tête d'un régime communiste totalitaire, voulaient éliminer tous les individus pouvant devenir réactionnaires, mais aussi tout ceux ayant eu des contacts avec d'autres civilisations que la khmère. Il suffisait donc de porter des lunettes (intellectuel = réactionnaire), ou d'avoir des connaissances étrangères pour être emprisonné, torturé puis tué. Imaginez le nombre de fois où j'aurais été tuée... Nous sommes d'ailleurs tous dans ce cas-là, avec nos mains qui, pour beaucoup, n'ont jamais connues le travail manuel. Hommes, femmes, enfants, bébés, personne n'y a échappé. Ceux qui n'ont pas été tués ont été déportés vers les campagnes pour y apprendre le vrai travail, la culture du riz. Mais les famines ont également tué des milliers de personnes.

Le matin nous décidons donc de visiter le musée Tuol Sleng, en compagnie de l'amie de Jin, qui a perdu ses parents et 3 frères et soeurs pendant le génocide (elle a survécu parce qu'elle faisait ses études à Taïwan). C'est un ancien lycée transformé en camp d'internement et de torture. Environ 10 000 victimes y ont péri, dans des conditions atroces, peut-être encore plus horribles que ce qui se passait à Auschwitz. Les gardes étaient souvent des enfants, conditionnés pour être extrêmement violents. En plus des coups et des décharges électriques, les prisonniers recevaient des traitements tels que l'arrachement des tétons, la suspension par les bras, l'immersion dans des solutions d'engrais très toxiques... Rien que pour changer de position pendant la nuit, ou pour faire pipi, il fallait demander l'autorisation.

L'après-midi nous allons à Choeung Ek, un mémorial construit à l'endroit où ils enfouissaient les corps des victimes de Tuol Sleng. Vous pouvez voir la "route" qu'on a empruntée pour y aller. Le soleil tapait fort, alors j'avais prêté mon chapeau au chauffeur.
Les gens étaient généralement tués là, pas en ville, battus par des tiges de palmiers. Les trous qu'on voit sur l'avant dernière photo sont les endroits où on a trouvé des fosses communes. Il y avait un peu plus de 8000 personnes enterrées là. L'arbre était utilisé pour frapper les enfants.

Ce génocide s'est passé il y a à peine 30 ans, c'est difficile à imaginer. Il a complètement désorganisé le pays, privé de son élite. Le Cambodge a encore un long chemin à faire pour se relever complètement. Quatre années de terreur ont laissé des traces sur la population : même si les guides affirment qu'il est redevenu le Pays du Sourire, je trouve que les gens sont durs. Certes, ils sourient beaucoup, aux touristes, tout le monde a été d'une grande gentillesse avec nous, mais entre eux ils ne se font pas de cadeaux ! Je ne comprends évidemment pas le khmer, mais souvent ils n'ont pas l'air de se raconter des mots doux. Un soir, j'ai acheté un livre à une petite fille dans la rue, elle n'avait pas de monnaie à me rendre. Elle avise donc une dame, assise là, qui l'a envoyée balader sans ménagement. Elle aurait pu répondre gentiment, que non, elle n'avait pas de monnaie non plus. Selon Enzo, qui a passé une semaine à la campagne dans une famille, c'est même pire là bas, ils sont violents physiquement. Si un enfant s'écarte un peu du chemin ils le retiennent par les cheveux.

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