30 septembre 2009

Le Farang

Certains Français pensent que l'Afrique est un continent uniforme et s'étonnent qu'un Angolais ne comprenne pas un Sénégalais. Il en va de même en Thaïlande pour le monde occidental. Russes, Américains, Italiens ou même Bretons, nous sommes tous des Farangs.

Et le Farang parle une langue appelée le farang. Cette langue ressemble beaucoup à l'anglais, mais attention, il y a des nuances. Par exemple, pour attirer l'attention d'un Farang, il suffit de crier "You!" (ne cherchez pas, ce n'est pas dans votre livre d'anglais de 6ème). La phrase de base du farang est, elle, "where you go?"

Le farang, c'est une langue prisée par les intervieweurs du dimanche, ces élèves ou étudiants que leurs profs envoient hanter les sites touristiques du royaume pour poser des questions aux Farangs. Ca m'est arrivé plusieurs fois d'être sollicitée pour répondre à des questions aussi variées que "Do you like Thai food?"(yes, very good) ou "What do you think of the H1N1 flu?" (not good). Bien sûr on ne m'a pas demandé avant si je parlais farang, puisque c'était une évidence.

Et parfois, c'est l'artillerie lourde qui nous sollicite. Hier soir, j'étais au Centre Culturel Thaï avec une copine pour assister à un spectacle de danse. "Hello! Can you answer a few questions for TV?" Il s'agissait de TANnetwork, une chaîne cablée qui diffuse en... farang ! L'une après l'autre, Pat et moi avons donc répondu aux questions de l'animatrice.




Comme on m'avait demandé de me déplacer, Pat n'a pas entendu mes réponses, mais nous avons dit la même chose : malheureusement, la scène culturelle thaïe est loin d'être aussi développée que ce qu'on trouve en France ou en Allemagne (elle est thaïe-allemande), même dans des villes moyennes. Et voilà, en plus de parler la même langue, les Farangs pensent la même chose !

20 septembre 2009

Ouvriers du bâtiment

Un promoteur a décidé de construire des magasins dans notre résidence. Le chantier a été interrompu pendant un long moment, les finances ne devaient pas suivre, mais c'est reparti sur les chapeaux de roues.



D'après John, les ouvriers viennent d'Isan, (la région la plus pauvre de Thaïlande dans le Nord-Est) et du Cambodge.

Et ils travaillent beaucoup, c'est peu de le dire. Quand je pars le matin un peu après 7h30, ils sont déjà sur place, donc je pense qu'ils arrivent vers 7h. Et ils repartent le soir à 19h30 ! Oui, des journées de plus de 12h pour un métier très physique. Ils travaillent aussi le samedi, et parfois le dimanche. Ce qui fait des semaines de plus de 72 heures ! Ils ont vraiment du mérite !

16 septembre 2009

I love A. Maïwenn

Mes étudiants sont parfois assez déconcertants.

A partir de maintenant, toutes les activités que nous organisons doivent être évaluées. Aujourd'hui j'ai donc demandé à un groupe de remplir un questionnaire sur la cérémonie que j'avais organisée pour le 14 juillet. En général leurs commentaires sont plutôt sensés et pertinents, je vais seulement vous livrer le plus étonnant (fautes d'anglais comprises) :

What did you enjoy the most during this project?
The show. I was enjoyed with this projet very much. I love A. Maïwenn :-) I love the situation that A. Maïwenn help me to continue my show "Penguin" when A. Maïwenn saw our mistake A. Maïwenn come to dance with us. Love A. Maïwenn

(Qu'avez-vous le plus apprécié lors de ce projet ?
Le spectacle. J'ai beaucoup aimé ce projet. J'adore A. Maïwenn :-) J'ai adoré quand A. Maïwenn m'a aidé à continuer le spectacle "Pingouin", quand A. Maïwenn a vu notre erreur, A. Maïwenn est venue danser avec nous. J'adore A. Maïwenn

"A. Maïwenn" signifie "Professeur Maïwenn")

Vous imaginez écrire ce genre de trucs à un prof, en France ? C'est inimaginable ! Ou alors ce serait de l'ironie, mais ici il n'y en a pas. Et les questionnaires sont anonymes, donc elle n'a pas pu écrire ça pour essayer d'avoir une bonne note ! Je dis "elle" parce que je pense savoir qui c'est, malgré tout. Pas d'ironie ni de tentative de remontage de note, donc, mais ça ne veut pas dire que cette étudiante est complètement folle de moi ! Les Thaïs font beaucoup de compliments, tout le temps, dans toutes les occasions, mais il y a aussi beaucoup d'hypocrisie. Le compliment est là pour faire plaisir à l'autre, tant pis si ce n'est pas tout à fait sincère.

Et en tout cas elle s'est trompée. Je ne me suis pas jointe à la chorégraphie parce que les danseuses faisaient des erreurs, elles connaissaient la danse mieux que moi, mais tout simplement parce qu'elles avaient dit aux spectateurs de les rejoindre, et que je voulais montrer l'exemple !

Au niveau grammatical, vous pouvez remarquer les répétitions de "A. Maïwenn". En thaï on n'utilise pas beaucoup les pronoms personnels, les gens préfèrent utiliser le nom de la personne.

15 septembre 2009

Célibataire géographique

C'est, dans l'armée, le terme qui désigne ces gens qui doivent travailler loin de leur chez-eux. Et depuis ce matin c'est la situation de John.

Flashback : il y a quelques mois, nous rencontrons le copain d'une de mes copines, que j'appelerai John l'Ecossais.
Il est ingénieur chez Michelin. Le profil de John l'intéresse, Michelin va faire venir des Chinois pour construire une machine, il faut un interprète chinois-thaï-anglais. Il recontacte John en juin : le projet est repoussé à cause de la crise.

Finalement ça arrange bien John, puisqu'il a décidé de se consacrer à ses études. Mon salaire suffit largement à nous faire vivre tous les deux, donc autant en profiter : il ne travaillera pas avant d'avoir son diplôme. Et puis l'entreprise n'est pas à Bangkok, mais à Laem Chabang, une zone industrielle à environ 150km de chez nous. Il ne pourra donc rentrer que le week end, ce qui nous paraît bien court, maintenant qu'on a l'habitude d'être toujours ensemble.


(la situation paraît idéale, au bord du golfe de Thaïlande, mais en fait Laem Chabang c'est une zone industrielle moche, même la côté n'y est pas belle)

Début août, nouveau contact, le projet commence fin août et, élément nouveau, le salaire est mirobolant : jusqu'à 1 million de bahts pour 3 mois de travail. (20 00
0 euros). Forcément ça fait réfléchir ! Et John décide d'accepter de mettre ses études entre parenthèses : ce salaire plus l'expérience dans une entreprise internationale, ça ne se refuse pas.

Quelques jours plus tard, on apprend que le salaire indiqué était erroné. Finalement John gagnera beaucoup moins que ça, mais tout de même 80 000-100 000 bahts/mois (environ 2 à 3 fois mes revenus. En une journée il peut gagner autant que ses parents en un mois !)


Le 24 août, John et John l'Ecossais se rendent au travail, et apprennent que les Chinois sont toujours en Chine, bloqués par un problème de visa. John rentre donc à la maison, on lui dit qu'il commencera le lundi suivant. Et le 31, toujours rien. Même chose toutes les semaines, jusqu'à hier. Coup de fil à 10h, lui demandant d'aller travailler l'après midi. Après l'avoir fait attendre aussi longtemps, sa présence serait requise d'urgence ? En fait il n'y est allé que ce matin, c'était bien mieux.


Bilan de sa première journée : apparemment il n'a pas fait grand chose. Deux ou trois des ingénieurs chinois se débrouillent en anglais. Tant mieux pour John : s'il n'est pas indispensable, il pourra peut-être demander des congés pour passer ses examens qui commencent la semaine prochaine. Il faut juste espérer que Michelin ne voit pas d'inconvénients à payer (cher) un interprète qui n'est pas forcément indispensable... Quoique, si John finit plus tôt, j'en connais une qui serait contente !

06 septembre 2009

Wat Arun

Aujourd'hui j'ai servi de guide à mon ami Francesco, en mission en Thaïlande pour son employeur pendant quelques semaines. (Nous nous sommes bien rencontrés au CIEL, mais ce n'est pas le Francesco danseur que certains d'entre vous connaissent)

Au programme de la visite figurait le Wat Arun, un temple que je n'avais encore jamais visité. Pourtant c'est un des symboles de la Thaïlande. Comme il est sur l'autre rive de la rivière Chao Praya, je l'avais un peu laissé de côté, mais en fait j'ai beaucoup aimé, et je vais le mettre sur ma liste des choses intéressantes à faire à Bangkok. Il offre une belle vue sur la rivière et sur Bangkok.


Le ciel était menaçant, mais la pluie a attendu qu'on soit à l'abri pour se manifester. Comme si ça avait été prévu d'avance !




On aperçoit les toits rouges de Wat Pra Kheo (le Grand Palais) au loin.



05 septembre 2009

Cérémonies de remise de prix

Les Thaïs adorent les cérémonies officielles un peu pompeuses, notamment pour les remises de prix. Quand on a une position hiérarchique élevée, on est souvent sollicité pour remettre des diplômes, des coupes, des trophées pour des concours en tous genres. C'est notamment une des attributions du prince et des princesses, qui ont pris la suite de leurs parents âgés. Quand on est moins élevé dans l'échelle sociale, on est souvent invité à assister à ces cérémonies. C'était mon cas aujourd'hui, une ce matin et une autre cet après-midi.

Vous souvenez-vous de
Phumjai, mon étudiant qui s'est fait moine il y a quelques mois ? Il a gagné un prix qui récompense les jeunes Bangkokois méritants (sportifs, artistes, personnes qui s'investissent dans différents projets...). J'avais un peu participé à sa candidature, puisque j'ai authentifié son dossier, en le signant. Il m'a donc invitée à assister à la cérémonie, d'ailleurs plusieurs autres jeunes étaient aussi accompagnés d'un de leurs professeurs. Je devais arriver à 9h30, et comme on ne peut jamais prévoir l'état du trafic, j'avais prévu large, et je suis arrivée à 9h10. J'ai retrouvé Phumjai, qui m'a indiquée où m'asseoir (au 2ème rang, avec les autres profs). Ensuite j'ai pu voir les répétitions : à quel moment se lever, comment venir chercher son trophée, comme redescendre de la scène, comment se mettre pour la photo de groupe... C'est très précis !

Ensuite on a attendu l'arrivée du représentant de la municipalité, un adjoint du gouverneur.Et finalement ça n'a commencé qu'à 10h45 ! Si j'avais su, j'aurais fait la grasse matinée.





(il y en a encore autant de l'autre côté des VIP à gauche, mais je n'avais pas assez de champ pour les photographier tous ensemble !)

La remise des prix n'a duré qu'à peine 30 min, puis nous avons pris des photos.



(moi, la mère de Phumjai, le vice-gouverneur, Phumjai. Les 2 autres attendent leur tour)

Puis, direction la fac, pour la remise des prix du concours organisé par mes stagiaires. 10 équipes étaient inscrites, mais malheureusement seules 3 ont envoyé leur dossier. C'était donc une cérémonie en petit comité. Mais quand même dans la salle de réception du campus ! Cette fois-ci je n'étais pas simple spectatrice, puisque j'ai fait un discours, et que j'étais réquisitionnée pour les photos.



Cannell
e, une des stagiaires, Nithi et Thaksaporn, mes étudiants qui ont eu le 2ème prix.



D'après le protocole thaï, c'est moi qui aurais dû remettre le prix, mais le style français a pris le dessus.
Et pour finir, le cocktail !

03 septembre 2009

Combien coûte ce livre ?

article sous-titré : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Ce matin, coup de téléphone de quelqu'un de la fac (je le sais parce que la sonnerie est différente). La dame me parle de la librairie et du prix des livres. Comme je ne comprends pas trop ce qu'elle veut, et qu'elle ne parle pas anglais, je lui demande d'appeler une de mes collègues thaïes. Quelques minutes après, cette même dame me rappelle. Entre temps elle a essayé de joindre une autre collègue, mais celle-ci est en cours. Je comprends qu'elle me demande de fixer le prix d'un de nos manuels de cours. C'est très bizarre, parce que ce n'est pas du tout de mon ressort. Donc je lui réponds que je n'en sais rien, je prends son numéro et je lui dis que ma collègue la rappellera.

Ensuite j'appelle la première collègue, qui me dit qu'elle n'a pas très bien compris non plus. Comme quoi, même en parlant la même langue, parfois c'est compliqué ! Et finalement, en réfléchissant ensemble, on a compris : la collègue n°2 va enseigner un nouveau cours, donc il lui fallait le livre. Elle a rempli le formulaire lui permettant de le retirer à la librairie, mais apparemment n'a pas précisé son prix exact. C'est donc pour ça que cette dame, du service finance, m'appelait : elle voulait connaître le prix du livre. Bien sûr je n'en sais rien ! Apprendre par coeur la liste des prix des livres utilisés dans le département n'est pas dans ma fiche de poste.

Et la question à 100 bahts est : Pourquoi n'a-t-elle pas appelé la librairie directement ?


C'était trop simple ?