30 janvier 2008

Excuses bidons

Ces temps-ci on atteint des sommets dans la production d'excuses par les étudiants sécheurs ou retardataires.

  • "Il pleuvait, alors je n'ai pas pu prendre le bus" Parapluie : 50 bahts.
  • "Dormir". Dit comme ça, par une étudiante de 4ème année. Vous pouvez donc voir le niveau lamentable de certains... Pour ce qui est de l'excuse : elle habite sur le campus, et le cours commence à.... midi !
  • "On a été servies en retard au restaurant". Ce qui vaut donc une absence totale du cours. Sachant que les restaurants servent plutôt rapidement, que les Thaïs mangent en 10 minutes, et que le resto en question est à 3 min de la salle de cours, c'est difficile à accepter ! "Mais si Ajarn, c'est vrai". Oui, mais ça ne change rien, il fallait annuler la commande et venir en cours.
Les cours ici sont obligatoires, et pourtant il y a plus d'absentéisme que dans une fac française. Cherchez l'erreur !

22 janvier 2008

Et la fameuse remise de diplômes

5h15 samedi matin : driiiiing. Après 2 week-ends de répétitions, le grand jour est enfin arrivé, c'est la cérémonie de remise de diplômes. Et ça commence tôt ! Pour y être avant 7h, je dois partir à 6h. Tuk-tuk, bus, métro. Apparemment les employés du métro ont reçu une formation spéciale pour les étrangers. Mais comme je ne suis pas une touriste, ça coince. Quand je parle thaï, ils me répondent presque toujours en anglais, et me demandent toujours de répéter, alors qu'en général je me fais comprendre sans trop problème. Comme d'habitude je demande mon ticket en thaï, et cette fois-ci le monsieur me demande (en thaï pour une fois) : vous avez déjà pris le métro ? Heu, oui, ça va, je maîtrise plutôt bien ! Je n'ai pourtant pas l'air d'une touriste en goguette.

6h30 : je rentre dans le métro. Oh mais il y a plein d'étudiants d'ABAC là-dedans ! Certains ont déjà revêtu leur toge. Et se servent de leur chapeau comme d'un garde-manger. Humm, c'est pas une très bonne idée ça !

6h50 : j'arrive au vestiaire des profs. Une prof chinoise, de Malaisie me dit : "Jai yen yen" (coeur froid froid, zeeeeen), j'ai prié pour toi, tout se passera bien. Ah, merci, mais je ne m'inquiète pas ! (pour l'instant) Avant de revêtir la tenue adéquate, je m'accorde un 2ème petit-déjeuner. Cake au thon ? Brioche au porc séché ? Je me laisse finalement tenter par un roulé au moka, ça passera mieux à cette heure-ci.

7h10 : le président, le frère Bancha, passe par là, j'en profite pour lui demander de poser avec moi. Et il est déjà l'heure de retrouver les étudiants dans la grande salle.


7h30 : les portes se ferment. Les retardataires n'auront pas le droit de rentrer. Le vice vice-président rappelle les consignes : pas de bavardages, pas de téléphone, tenez-vous bien, soyez fiers de votre université...

8h : Bénédiction par le chapelain, quelques discours, et puis c'est parti. Environ 3000 étudiants vont se succéder sur la scène pour recevoir leur diplômes des mains du frère Bancha. L'ambiance est très solennelle. Les mouvements ont été répétés au millimètre près, et ça se voit.

vers 10h45 : c'est mon tour ! Je dois annoncer les noms des diplômés du département de français. 18 noms à prononcer. Certains font jusqu'à 10 syllabes ! Mais j'ai bien répété, ça devrait aller. Evidemment j'ai la bouche sèche avant de commencer, et j'ai envie de faire pipi, mais une fois lancée, tout va bien. Heureusement que je n'ai pas 530 étudiants, comme la chef du département d'anglais !

4 minutes plus tard : c'est terminé. Après avoir bu un verre d'eau, je retourne sur scène avec les autres profs. Enfin, ceux qui sont toujours là, parce qu'ils semblent que les profs soient dispensés de toute obligation... Certains répondent au téléphone, baillent aux corneilles, n'en finissent pas d'aller aux toilettes. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, n'est-ce pas...

12h40 : serment d'allégeance et bénédiction finale. On peut enfin sortir, après avoir fait une haie d'honneur pour les étudiants.

13h : un beau buffet nous attend, ça fait du bien de discuter librement ! La doyenne et des collègues viennent me féliciter. Ca fait plaisir ! Allez, on remet ça l'année prochaine !

14 janvier 2008

Premier projet accepté

Histoire de bien commencer l'année, le 3 janvier j'avais envoyé mon tout premier projet au président de l'université pour validation. Et aujourd'hui j'ai appris qu'il est accepté ! Donc le département de français est autorisé à recevoir un stagiaire, pour pallier au manque de professeurs natifs. Cette nouvelle m'a fait vraiment plaisir ce matin, l'année commence bien effectivement ! Maintenant il faut tout organiser, mais ça devrait aller. Et j'ai déjà un candidat sous la main. Certains d'entre vous le connaissent, mais je vais maintenir le suspense, jusqu'à ce qu'il soit accepté par la fac aussi. Ce serait pour un stage de 2 ou 3 mois, pendant l'été français, et j'ai déjà plein de choses à lui faire faire. Mais ni photocopie (il y a quelqu'un payé pour), ni café (puisque je n'en bois pas), ça devrait être un stage intéressant !

13 janvier 2008

Des poteaux déguisés en cactus ?




Je n'avais encore jamais vu ce genre de choses. C'est assez bizarre, au début j'ai cru que c'était des plantations de cactus grimpants. En fait ce sont des cactus fruitiers. Finalement je n'étais pas loin, mais je ne savais pas que les cactus donnaient des fruits ! Et quel fruit pousse là dessus alors ? C'est le fruit du dragon, que vous pouvez voir ici. Sa couleur flamboyante cache malheureusement un goût assez fade. La chair a la texture du kiwi, mais ce n'est pas aussi bon.


Question culture, c'est assez intéressant. La fleur fleurit à la tombée de la nuit, et souvent elle meurt avant l'aube ! Cette discrétion contraste vraiment avec l'exubérance du fruit !



10 janvier 2008

Et vous pensez que Sarko et Hortefeux sont stricts ?

En Thaïlande, l'immigration n'est pas choisie, elle est extrêment limitée. Et pour ceux qui ont la chance d'avoir un permis de séjour, il faut quand même refaire les démarches tous les ans, pour le renouvellement. Et (vous pensiez que c'était fini ?), tous les 90 jours il faut envoyer un petit papier à l'immigration pour dire qu'on est toujours là, et leur donner notre adresse.

Je sais que pas mal de personnes snobent la dernière étape, mais comme j'ai déjà eu des soucis de visa, j'avais décidé de faire les choses dans les règles. Mais voilà, je me suis encore fait attraper !! Fin octobre j'ai fait renouveler mon visa. Donc je pensais que le prochain rendez-vous c'était fin janvier, 90 jours après. Mais non ! En fait, malgré le fait que tout se passe au même endroit, ce sont deux choses complètement indépendantes. Donc j'aurais dû envoyer le petit papier début novembre, soit 2 semaines après le visa. Super intelligent n'est-ce pas !

Alors maintenant, que faire ? Je peux payer une amende, 2000 bahts apparemment. Je peux prendre le risque d'aller à l'aéroport pour sortir du pays, sans rien dire à personne. Il y a de bonnes chances que tout se passe bien. Mais si on m'attrape, alors là ça va être très cher !

Je pense que je vais payer l'amende, pour la tranquillité d'esprit. Mais qu'est-ce que j'en ai marre de toutes ces mesures ! Vous connaissez un autre pays où les étrangers doivent se signaler tous les 90 jours ?

04 janvier 2008

Tu as combien de frères et soeurs ?

En Thaïlande, l'ordre des enfants dans la fratrie est très important. D'ailleurs on ne peut pas dire simplement frère ou soeur, il faut toujours préciser aîné ou cadet. Par exemple pisao c'est la grande soeur et nongsao la petite. En Chine aussi ça revêt un caractère important (même si évidemment ça a dû se perdre avec la politique de l'enfant unique). Ainsi, dans sa famille, on appelle John "Deuxième frère", et pas par son prénom.

Donc, quand je demande à mes étudiants combien ils ont de frères et soeurs, les réponses sont du style : j'ai un frère, et deux soeur, et une soeur. En fait il faut comprendre : un grand frère, deux grandes soeurs, et une petite soeur. Quand je leur explique qu'en français on met toutes les soeurs dans le même sac, (avant de préciser les choses, éventuellement), ça les perturbe. En effet, pour eux c'est un peu irrespectueux pour les grandes soeurs, à qui on doit plus de respect qu'aux petites. Une fois de plus, la langue est le reflet direct de la culture.

02 janvier 2008

Plantations d'hévéa

La province de Chanthaburi est renommée pour sa production fruitière, mais on y trouve aussi des plantations d'hévéa. C'est un arbre originaire d'Amérique du sud, mais il est très bien implanté en Asie du Sud-Est. La Thaïlande, premier producteur mondial, produit ainsi une dizaine de millions de tonne de latex par an, fournissant avec l'Indonésie et la Malaisie, 70% de la production mondiale !


(ils ne payent pas de mine ces arbres maigrichons. Une partie de leur énergie est utilisée pour produire plus de latex, au détriment de leur croissance)

On récolte le latex la nuit, la journée il fait trop chaud et il sècherait trop vite. Les saigneurs (oui, oui, ils s'appellent comme ça) découpent les troncs petit à petit, et on récolte le latex qui suinte dans des godets. Ca ressemble un peu au procédé utilisé pour le sirop des érables canadien.




Tous les ans on change de côté, et l'arbre peut reconstituer son écorce tout seul.



90% de la production de latex sert à produire des pneus.

La mort d'une princesse



Non, je ne suis pas en train de me transformer en Stéphane Berne à la peau caramel, mais quand on vit en Thaïlande, on est plus ou moins obligé de s'intéresser à la vie des têtes couronnées. En novembre 2005, je vous annonçais que pour la première fois, j'avais vu une princesse, son Altesse Royale la princesse Galyani Vadhana, soeur aînée du roi. Elle est décédée cette nuit à l'âge de 84 ans, des suites d'un cancer. C'est une grande dame qui nous quitte, et le monde du français est en deuil. Fondatrice de l'Association Thaïlandaise des Professeurs de Français et professeur elle-même, elle avait fait beaucoup pour le développement de cette langue qu'elle maîtrisait parfaitement, ayant fait ses études en Suisse. Selon ma collègue, qui a été son élève, c'était un vrai plaisir que de l'entendre réciter Verlaine ou Hugo. La princesse avait visité Brest et la Bretagne, et était particulièrement friande des coeurs d'artichauts. Si j'ai bien compris, c'est à la suite de cette visite que l'ATPF a noué des contacts avec le CIEL. C'est donc un peu grâce à elle que j'ai rencontré mes mamans thaïes, et que ma vie a mis le cap vers l'est en 2005.

01 janvier 2008

Chanthaburi

Chanthaburi est située à l'est de la Thaïlande, au bord de la mer, et à côté du Cambodge. C'est là-bas que nous avions décidé de passer à la nouvelle année.


(ces pilotis ne me disent rien qui vaillent en cas de crue importante de la rivière Chanthaburi)

Sur les conseils d'internet et du lonely planet, j'avais réservé à la River Guesthouse, la meilleure de la ville, paraît-il. Je savais qu'elle était à proximité du pont, mais je n'avais pas compris qu'elle touchait le pont. Un peu bruyant dans la journée, mais on peut espérer que les habitants dorment la nuit. On ouvre la porte de la chambre : ah, il y a erreur, c'est un petit lit. John descend à la réception, où on lui dit que c'est normal, tous les lits sont comme ça. C'est vrai que la chambre est tellement étroite qu'on ne risque pas d'y loger un lit 2 places ! "Bon, on a payé pour 2 nuits, mais demain on récupèrera l'argent, et on se mettra en quête d'un lit plus grand." Le lendemain, et c'était prévisible, on nous annonce que ce n'est pas possible de nous rendre l'argent. On décide quand même de chercher autre chose, pour la 3ème et dernière nuit.

Mais avant ça, il nous faut un moyen de locomotion. John appelle l'agence de location de scooters. Il n'y a plus rien. Bon, on cherchera une autre agence. On demande un peu partout, en fait il n'y a que ça. Alors on ira à pied. C'est dimanche, avant de chercher un hôtel, on décide d'aller à la messe voir comment ça se passe ici. Il y a une communauté catholique assez importante (8000 personnes, et des dizaines de vocations). Ce sont des descendants de Vietnamiens qui ont fuit des persécutions religieuses. Ils ont aussi beaucoup de liens avec la France, comme en témoigne l'imposante église de style français !



En fait, la messe était à 8h30, et nous sommes arrivés à 10h30... On a juste été voir l'enfant Jésus dans sa crèche, et on a repris notre route. Après avoir visité plusieurs guesthouses et hôtels, on a décrété qu'en effet, la River Guest house était la meilleure de la ville, si on exceptait les lits. Les autres étaient toutes plus chères, mais aussi sales, glauques, étouffantes... Sur notre liste, 2 établissements s'appelaient Bungalow bla bla bla. John a téléphoné pour en savoir plus, en fait les gens ne savaient même pas ce que bungalow voulait dire, les chambres étaient tout simplement dans un bâtiment en dur...

Donc, ce premier jour nous avons parcouru les rues de Chanthaburi en long, en large, et en travers. Nous avons pu apprécier le joli parc, et nous avons découvert le cinéma. Un vieux cinéma sans caisse automatisée, comme on n'en fait plus. Et seulement 50 bahts la place, alors que c'est 120 ailleurs. Bon, pour ce prix-là, les fauteuils sont un peu moins confortables et la clim moins forte (en fait c'est appréciable). Par contre, contrairement à Bangkok, les films étrangers sont doublés. Le premier soir nous avons donc vu un film thaï, sous-titré en anglais, et le 2ème "I am legend", l'histoire d'un homme tout seul dans New York, il ne parlait pas beaucoup, c'était parfait pour moi !


(un véritable parfum de vacances)

Allez, c'est pas encore fini avec la guesthouse : voici venu le moment de recharger le lecteur mp3. Ah, mais où est la prise. Pas de prise ? C'est étonnant quand même... Ah mais si, elle est au plafond ! Ca c'est pratique alors, surtout quand on n'a pas de chaise !

Le lendemain, nous voulons nous promener dans les alentours, alors John redemande à la guesthouse pour les scooters. L'employée appelle le magasin, et en parlementant un peu, réussi à nous avoir une monture. En fait le patron n'était pas là, et donc les employés n'osaient pas louer. C'est malin !

On prend la route. Premier arrêt, une petite cascade. On passe rapidement pour la 2ème, c'est la foule, pas envie de payer pour se trouver dans un parc naturel surchargé. On continue donc vers la mer, et Oasis Sea World. C'est un petit parc d'attraction où les dauphins sont la vedette. On peut même nager avec eux, pour la modique somme de 8 euros. Malheureusement tout est complet en cette St-Sylvestre. On ne peut donc qu'assister au ballet des touristes qui font des petits tours sur le dos de Flipper. Ah, ça fait envie ! Peut-être bien qu'on y retournera, un jour plus calme. Le spectacle est sympa aussi, on retombe en enfance en voyant les dauphins jouer au foot ou arroser les spectateurs au premier rang.


(je n'ai pas réussi à prendre des photos de leurs exploits, ça va trop vite. Ici on voit 2 petits dauphins thaïs qui ressemblent un peu à des bélugas. L'autre race était d'allure plus classique, par contre ils étaient... roses !)

Ensuite, on se balade le long du bord de mer, c'est joli. Tiens, un pont qui enjambe le golfe. Mais pourquoi toutes ces voitures arrêtées ? On s'inquiète, mais renseignements pris auprès de 2 pêcheurs, les gens s'arrêtent sur le pont pour admirer la vue. D'ailleurs des vendeurs ambulants ont senti le filon, il y a tout ce qu'il faut pour un pique nique à quelques dizaines de mètres au dessus des flots. Si on leur disait qu'en France c'est interdit de stationner ou même s'arrêter sur un pont, ils se demanderaient sûrement pourquoi on se prive d'un tel plaisir.

Le soir, après le cinéma, on va se balader à la fête foraine. Les prétendantes au titre de Miss Chanthaburi entourent le gouverneur de la province pour le compte à rebours. 3... 2... 1... Sawatdee pi mai ka !

Et c'est en vous souhaitant une excellente année 2008 que je termine ce message. Tous mes meilleurs voeux pour l'année qui commence !