25 mars 2006

Les règles d'or

J'ai envie de vous reparler de la circulation. Je l'ai déjà évoquée ici ou là, mais j'ai encore quelques commentaires. La règle d'or sur la route c'est : le plus fort passe. Les autres règles sont accessoires. Donc, la priorité est d'abord aux camions, bus, pick-ups, 4x4, voitures, moto, tuck-tuck, vélo, et... tout en bas de l'échelle routière, les piétons. Inutile de chercher des passages piétons pour traverser, ça ne change strictement rien. Puisque j'ai décidé de vous faire connaître la Thaïlande et que je prends mon rôle à coeur, j'ai fait une petite expérience. Au péril de ma vie !

Une intersection en T. Le feu était rouge pour les voitures tournant à gauche (je rappelle qu'on roule à gauche). Je me suis donc avancée jusqu'à l'autre file. Pas une seule voiture ne s'est arrêtée pour me laisser passer. Pourtant elles n'allaient pas vite, puisqu'elles venaient de tourner. Et puis le feu est passé au vert de l'autre côté, je me suis donc retrouvée avec des voitures en mouvement devant et derrière moi. Pas franchement confortable comme position. Et ça a duré longtemps, avant qu'une voiture daigne s'arrêter ! La prochaine fois je le fais chronomètre en main pour que ce soit bien scientifique.

Mais quand on est piéton, parfois on se mue aussi en utilisateur des transports en commun. Et là aussi il y a une règle d'or : la patience. Petit exemple : Maïwenn va à Carrefour.

D'abord il faut prendre le van, pour aller du campus 2 au campus 1. Il n'y a pas d'heures de départ, le van part quand il est plein (14 places). Ce matin j'ai eu de la chance, il ne restait plus que deux places quand je suis arrivée. Environ 40 min de trajet. Ensuite il faut prendre le bus. Pas d'horaires non plus pour le bus, il passe quand il passe. Donc on ne peut même pas adapter le tempo pour aller du van à l'arrêt de bus, il faut mieux marcher à bonne cadense, pour éviter que le bus ne passe juste quand on arrive au coin de la rue. J'ai encore eu de la chance, j'ai attendu seulement 15 min. 30 min de bus.
Et là, Maïwenn est étourdie, elle se trompe d'arrêt. Un arrêt trop tôt. Bon, vous me direz, 800m à pieds, c'est pas la mort. Je suis bien d'accord avec vous. Mais il y a des 800m plus agréables que d'autres. 800m en forêt, au bord de la mer, quel délice. Mais une telle distance au bord d'une 2 fois 3 voies, surmontée d'une 2 x 2 voies, c'est déjà moins agréable. Enfin... Dans mon "malheur" j'ai de la chance, le ciel est un peu voilé, il fait moins chaud qu'hier. Seulement 35°. Ensuite il faut traverser ! Oui, traverser la 2 x 3 voies. Rappelez vous qu'un piéton est aussi insignifiant qu'une fourmi. Allez hop, on prend son élan, et on y va !
Voilà, ça c'est fait. Maintenant le métro. Ah le métro. La station est grande, propre, la rame est neuve, propre. Une seule station, on regretterait presque de ne pas devoir aller plus loin ! Et voilà Carrefour, 2h après le départ. Vous comprenez pourquoi je n'y vais pas souvent !

Les courses faites, il faut songer à rentrer. Le métro, l'arrêt de bus. Tous les bus qui défilent, le 137, le 12, le 517. Ah ! Ah non... moi c'est 537. Encore un 137. Et un troisième 137, ils font exprès ? En fait je crois que je pourrais le prendre, mais il ne m'arrêterait pas sur le campus, je devrais marcher encore. Mais mon sac est lourd... Ou prendre le moto-taxi, un peu suicidaire. Donc j'attends le 537. Et il finit par arriver ! Ouf. Chaque bus fait travailler deux personnes. Le chauffeur, et le vendeur de billet. Tiens, c'est bizarre, mon billet a augmenté depuis ce matin. Un bath de plus. La vendeuse doit être dans la lune. Mais je ne la contredis pas. De toute façon je ne sais pas faire en thaï !

On arrive en vue du campus. La vendeuse doit croire que je suis perdue, elle annonce l'arrêt. Elle ne pouvait pas le faire ce matin plutôt ? Bon, je demande l'arrêt (pourquoi est-ce que ça fait un bruit aussi désagréable ?), et vite je me dépêche de sortir. Les portes automatiques qui s'ouvrent quand elles rencontrent un obstacle, le chauffeur qui marque un temps d'arrêt après la descente, il n'y a pas ici. S'il pouvait éviter de s'arrêter je crois qu'il le ferait. Donc c'est un peu "sauve qui peut" en sortant.

Retour au van. Oh ben zut, je suis la première. Décidément, la chance a tourné... Par contre les aiguilles tournent lentement quand on attend... 50 minutes plus tard, on est enfin au complet, cap sur Bangna !

Et voilà, fin de l'aventure. :-)

24 mars 2006

Heure d'été

N'oubliez pas de passer à l'heure d'été ce week-end ! Ici on ne change pas. Le soleil se lève à 6h30 le matin, se couche à 18h30, et c'est comme ça 365 jours par an. Par contre, ce qui va changer, c'est le décalage horaire entre vous et moi. Seulement 5h maintenant. Quand il sera midi chez moi il sera donc 7h du matin chez vous. Ca va nous rapprocher ;-)

19 mars 2006

Quelques photos de Bangkok





Voici quelques photos de Bangkok, prises dans le quartier où se trouve l'autre campus (Huamak). Pour ceux qui auraient oublié, ma fac a deux campus. Huamak, le campus historique est en ville. Bangna, à la campagne, est neuf. J'habite à Bangna.

1 : vue d'un des bâtiments de la fac. Le stade à gauche, et à côté, un bâtiment "squelette", héritage de la crise économique de la fin des années 90. Il y en a plein à Bangkok, c'est moche... Mais celui-là va bientôt être transformé en condominium (immeuble d'habitation)

2. des petits immeubles typiques. Si vous regardez bien vous verrez des grilles autour des balcons. J'ai demandé à des Thaïs à quoi ça servait, on m'a dit que c'était pour protéger du soleil. Mais ça ne doit pas être très efficace. Contre les voleurs peut-être ? En tout cas ça peut servir de séchoir aussi. Mais je n'aimerais pas avoir un balcon comme ça, on doit se sentir un peu en prison.

3. Photo prise devant le supermarché où j'ai mes habitudes. Une rue normale à Bangkok. On peut y voir l'autoroute suspendue, des taxis (ils sont partout), un van (c'est là dedans que je fais l'essentiel de mes trajets), une candidate au suicide... Les plus observateurs remarqueront qu'on roule à gauche ici.

4. Les Thaïs sont très superstitieux. Pour éloigner les esprits malins, ils ont souvent une petite maison comme ça chez eux (à l'extérieur). C'est la maison aux esprits, on leur fait des offrandes, à manger, des fleurs, pour être sûr qu'ils restent dedans et qu'ils n'aillent pas importuner les humains.
Cette maison-ci est dans la rue.

18 mars 2006

Qui lit ce blog ?

Coïncidence ? Si j'en crois le superbe film que j'ai vu aujourd'hui, V comme Vendetta, les coïncidences n'existent pas. Alors comment expliquer que Libération publie aujourd'hui un article sur la couleur du papier toilette dans le monde (PQ : fesse ce qu'il te plaît *) ? Ca ressemble à un sujet traité ici... Mais, en parlant du rose, ils ont oublié le Cambodge. Hmm... c'est peut-être juste une coïncidence en fait. Mais si vous lisez ce blog, et que je ne vous connais pas, que vous êtes arrivé ici par des liens ici ou là, s'il vous plaît, faites moi un petit coucou ! :-)


* si le lien ne marche plus, mais que vous voulez lire l'article, contactez-moi, je l'ai sauvegardé.

11 mars 2006

Du papier-toilette rose

Un petit ajout au sujet du Cambodge. Le papier-toilette y est rose ! Oh, vu de France, ça n'a l'air de rien, une chose complètement commune. Mais ailleurs le papier toilette est blanc, pas rose. Ca doit être une trace de la colonisation. Si tout le reste avait pu être aussi rose...

Puisque nous sommes dans les toilettes, restons-y. Mode d'emploi des toilettes thaï :

Déjà, il faut savoir qu'il y a beaucoup de toilettes turcs. A l'université c'est la règle, même si en cherchant bien, on peut trouver des sièges. Mais ils sont différents des toilettes turcs français (double culture), ils sont surélevés. Ils sont tous équipés d'un petit jet d'eau, destiné à se laver après la commission (vous pouvez le voir sur la photo de mes toilettes ). On est trempé, mais propre. Enfin, j'ai essayé une fois chez moi, et je ne compte pas recommencer, le jet était trop fort pour ma peau délicate. Ensuite, on peut s'essuyer. De quelle couleur le papier-toilette déjà ? En fait la plupart du temps les gens utilisent des mouchoirs en papier, c'est rare de trouver des toilettes qui ont du papier, moi je récupère les fins de rouleaux chez moi, comme c'est offert par la maison ;-) . Par contre, il ne faut pas jeter le papier dans les toilettes, ça pourrait boucher les canalisations. On le jette donc dans la poubelle à côté. Pas très hygiénique ? je suis bien d'accord avec vous ! Au départ j'ai eu du mal à m'y faire, je jettais le papier dans les toilettes quand même... Et puis j'ai fini par prendre le pli, ça y est, je fais pipi comme les Thaïs ;-)

Edit : j'ai oublié un détail. Là je parle des toilettes modernes. Mais souvent on en trouve qui n'ont pas de chasse d'eau. Dans ces cas là il y a un réservoir à côté, avec une écuelle, et on joue nous-même à la chasse d'eau manuelle.

06 mars 2006

7 Et c'est la fin...

Dimanche matin, 7h. Dernier tour en tuk-tuk pour aller à l'aéroport. Je passe le contrôle avec mon opinel dans mon sac. Je l'avais fait aussi à Copenhague (sans savoir)... A croire que les opinel n'apparaissent pas aux rayons X ? Il ne faudrait pas que les terroristes l'apprennent, heureusement que je suis paisible comme un agneau, pas de danger de mon côté ! Et là, devinez qui m'attendait bien sagement sur son étagère ? Le Petit Prince en khmer ! Quelle heureuse surprise, il va donc rejoindre la collection. J'achète aussi Cambodge soir, le quotidien francophone du pays, et Le Monde. Sauf que c'est celui du mois dernier, mais je me suis laissée abuser par les jours similaires en février et mars. Que celui à qui ça n'est jamais arrivé lève le doigt ! Du coup les nouvelles ne sont pas très fraîches... Mais ça pourra me servir pour mon cours sur la presse.

Une heure d'avion et nous sommes de retour à Bangkok. La ville me paraît très propre et organisée après Phnom Penh. Finalement je suis bien contente de vivre en Thaïlande, c'est plus facile !

Bon allez, après tous ces messages je vous laisse, j'ai encore plein de linge à laver. C'est poussiéreux le Cambodge, j'use mon huile de coude dans ma salle de bain-cuisine-buanderie-séchoir ;-)

6 b Palais royal et hôpital




Jin a peur d'être déçue par le Palais royal, étant donné qu'il ne peut pas rivaliser avec celui de Bangkok. Mais c'est quand même un incontournable, alors on va y faire un tour. Ca valait bien le détour, vous ne trouvez pas ? D'ailleurs ce n'était même pas un détour, l'hôtel était juste à côté.

Ensuite on est allés à l'hôpital. Non, ne vous inquiétez pas ! Malgré la maladie nous n'avons pas eu besoin d'y passer pour nous. Et puis d'ailleurs moi je suis guérie, seule Jin souffre encore de la diarrhée. Ah la la, elle ne m'a pas écoutée quand je lui ai dit qu'elle ne devait pas manger autant, pour laisser son estomac se reposer. Donc pourquoi l'hôpital ? Le beau-frère d'Enzo étant médecin, il lui a donné des médicaments à donner là bas. Donc on va faire un tour à l'hôpital français. On se dit qu'aux urgences on devrait trouver du monde. On rentre. Surprise, l'accueil est dans la salle de soins. Ou serait-ce l'inverse ? On hésite un peu à entrer, c'est pas terrible pour les malades, mais finalement on n'a pas le choix. Les infirmiers présents sont très contents du cadeau.

Le soir on mange dans un petit restaurant de rue. Et, j'apprends enfin à me servir de baguettes ! Sauf que l'identité du professeur n'est pas évidente à première vue. C'était en fait Enzo ! Il a travaillé dans le restaurant vietnamien tenu par ses beaux-parents, donc il est expert. Par contre Jin mange plus volontiers avec une cuillère (ses parents n'ont pas été assez strictes là dessus, ils n'ont jamais imposé les baguettes. On dirait les miens avec les légumes ;-) ). Donc elle a pu suivre les cours aussi ! Vous pouvez voir à sa tête que le cours était marrant !

6 a Génocide






L'histoire du Cambodge est marquée par le régime de Pol Pot (1975-1979), qui a fait 3 millions de victimes (sur les 9 que comptaient le pays à ce moment là). Pol Pot et sa clique, à la tête d'un régime communiste totalitaire, voulaient éliminer tous les individus pouvant devenir réactionnaires, mais aussi tout ceux ayant eu des contacts avec d'autres civilisations que la khmère. Il suffisait donc de porter des lunettes (intellectuel = réactionnaire), ou d'avoir des connaissances étrangères pour être emprisonné, torturé puis tué. Imaginez le nombre de fois où j'aurais été tuée... Nous sommes d'ailleurs tous dans ce cas-là, avec nos mains qui, pour beaucoup, n'ont jamais connues le travail manuel. Hommes, femmes, enfants, bébés, personne n'y a échappé. Ceux qui n'ont pas été tués ont été déportés vers les campagnes pour y apprendre le vrai travail, la culture du riz. Mais les famines ont également tué des milliers de personnes.

Le matin nous décidons donc de visiter le musée Tuol Sleng, en compagnie de l'amie de Jin, qui a perdu ses parents et 3 frères et soeurs pendant le génocide (elle a survécu parce qu'elle faisait ses études à Taïwan). C'est un ancien lycée transformé en camp d'internement et de torture. Environ 10 000 victimes y ont péri, dans des conditions atroces, peut-être encore plus horribles que ce qui se passait à Auschwitz. Les gardes étaient souvent des enfants, conditionnés pour être extrêmement violents. En plus des coups et des décharges électriques, les prisonniers recevaient des traitements tels que l'arrachement des tétons, la suspension par les bras, l'immersion dans des solutions d'engrais très toxiques... Rien que pour changer de position pendant la nuit, ou pour faire pipi, il fallait demander l'autorisation.

L'après-midi nous allons à Choeung Ek, un mémorial construit à l'endroit où ils enfouissaient les corps des victimes de Tuol Sleng. Vous pouvez voir la "route" qu'on a empruntée pour y aller. Le soleil tapait fort, alors j'avais prêté mon chapeau au chauffeur.
Les gens étaient généralement tués là, pas en ville, battus par des tiges de palmiers. Les trous qu'on voit sur l'avant dernière photo sont les endroits où on a trouvé des fosses communes. Il y avait un peu plus de 8000 personnes enterrées là. L'arbre était utilisé pour frapper les enfants.

Ce génocide s'est passé il y a à peine 30 ans, c'est difficile à imaginer. Il a complètement désorganisé le pays, privé de son élite. Le Cambodge a encore un long chemin à faire pour se relever complètement. Quatre années de terreur ont laissé des traces sur la population : même si les guides affirment qu'il est redevenu le Pays du Sourire, je trouve que les gens sont durs. Certes, ils sourient beaucoup, aux touristes, tout le monde a été d'une grande gentillesse avec nous, mais entre eux ils ne se font pas de cadeaux ! Je ne comprends évidemment pas le khmer, mais souvent ils n'ont pas l'air de se raconter des mots doux. Un soir, j'ai acheté un livre à une petite fille dans la rue, elle n'avait pas de monnaie à me rendre. Elle avise donc une dame, assise là, qui l'a envoyée balader sans ménagement. Elle aurait pu répondre gentiment, que non, elle n'avait pas de monnaie non plus. Selon Enzo, qui a passé une semaine à la campagne dans une famille, c'est même pire là bas, ils sont violents physiquement. Si un enfant s'écarte un peu du chemin ils le retiennent par les cheveux.

5 b Phnom Penh, pauvre capitale






Nous optons pour un des hôtels recommandés par le Lonely Planet, en bord de rivière. La vue est très belle, dommage que nos chambres n'aient pas de fenêtre ! Dur à imaginer pour des Européens, mais très fréquent ici, les fenêtres sont en supplément. Ca surprend au début, mais pour 2 nuits ce n'est pas grave. Et ça n'a pas que des inconvénients : c'est calme, pas de moustiques, et le noir est total.

Jin reste à l'hôtel pour se reposer, et retrouver ensuite une amie à elle qui habite ici. Enzo, qui est déjà passé par Phnom Penh au début de son séjour, me fait visiter. Mais en prenant notre temps, mon état ne m'autorise pas les longues marches. Alors on prend le moto taxi, à 3 dessus comme il se doit. La ville est petite, et n'a pas grand chose à proposer aux touristes. On commence par le marché, un chef d'oeuvre (?) art-déco. Ensuite on va vers la colline (ou plutôt la butte) qui donne son nom à la ville (Phnom veut dire montagne). C'est le lieu de balade des habitants de la ville. Il y a des singes partout, un éléphant qui prend sa douche, et des enfants qui mendient. Un groupe nous tient compagnie pendant un bon moment. Ils ne recevront pourtant rien de nous (on ne donne pas aux enfants, il faut qu'ils apprennent à travailler, pas à mendier). Ils adorent les photos, j'en ai toute une collection.

Un proverbe khmer dit : Je suis pauvre, mais je peux me regarder dans un miroir. Malheureusement les Khmers ne semblent pas avoir beaucoup de dignité. Une mère, passant devant nous, a fait signe à sa fille de 4 ou 5 ans de venir nous demander de l'argent. C'est loin de l'idée de dignité telle qu'on la connaît ! Bien sûr, ils sont très pauvres, ils doivent donc trouver des moyens de subsistance, mais il y a sûrement d'autres moyens. Et surtout, ils ne sont pas honnêtes. La corruption est partout, et on ne peut faire confiance à personne, surtout pas ceux qui pourraient sembler investi d'une mission, comme les policiers. Par exemple, les cartes postales qu'Enzo a postées n'arriveront jamais : il a commis l'erreur de donner l'argent au postier, sans coller les timbres lui-même. On peut être sûr que les cartes sont maintenant à la poubelle, et l'argent dans la poche du postier. A l'aéroport, le gars qui vérifie les passeports avant l'embarquement a réclamé 2 dollars à Jin, sans raison. Elle n'a rien donné.

5 a Croisière vers la capitale




A l'heure prévue pour le départ (5h30), personne, notre chauffeur doit être en train de dormir quelque part dans l'hôtel. C'est pas force d'avoir répéter l'information pourtant. Enzo réveille un des gars. Il nous apprend qu'un bus aurait dû venir nous prendre directement à la guesthouse. Ca commence mal. Finalement il appelle le bureau pour dire de nous attendre, et il réveille un autre gars pour qu'il nous y conduise. Et avec tout ça, on n'a toujours pas payé la chambre. Alors on décide de laisser l'argent au chauffeur, 8 dollars (la chambre est normalement à 10, mais on aurait marchandé de toute façon). Est-ce qu'il a bien donné l'argent aux patrons ? On ne saura jamais... En tout cas c'est tant pis pour eux ! On s'entasse dans un van pour aller jusqu'au lac. Là on embarque sur des barques, pour rejoindre notre bateau qui attend plus au large. On a finalement le droit au lever de soleil. On croise des enfants qui vont à l'école en bateau. Quand on pense à tout ce que ces enfants doivent faire pour étudier, ça donne presque envie d'y retourner pour profiter encore plus des bonnes conditions qu'on a en France.

Malade, et sujette au mal de mer, j'appréhende beaucoup ces 6h sur l'eau. Mon médicament contre le mal des transports est efficace, mais pas quand j'ai le ventre vide. Or là, si je mange, je m'expose au rejet immédiat. Manger ou ne pas manger ? Le dilemme est cruel. Finalement j'accepte les deux petites bananes qu'Enzo me propose, et puis les bananes c'est bon contre la diarrhée, non ?

Conflit avec des Autrichiens (je pense qu'ils étaient autrichiens, ils parlaient une variété spéciale d'allemand) : nous avons les mêmes numéros de place. Une d'entre eux se met à crier, disant qu'on doit partir. Pourquoi serait-ce à nous de décamper ? L'erreur n'est pas de notre fait ! On reste là, tranquillement, le temps que tout le monde trouve son siège, et puis finalement, voyant qu'il reste des places au fond, on déménage. Les 3 Autrichiens, qui entre temps s'étaient installés au fond aussi, ne regagnent même pas les places devant. Ca valait bien la peine de s'énerver !!!

Jin s'endort rapidement. Au bout d'une heure et demi, Enzo et moi décidons d'aller sur le toit du bateau, profiter de la vue. C'était très agréable. Et malgré la crème solaire indice 60 j'ai bien bronzé (et brûlé sur les quelques endroits où j'avais oublié la crème : juste au dessus des sourcils par exemple, ce qui me donne un air de clown pour la reste du voyage). On discute, on admire le paysage, on se repose. Finalement tout va bien, je ne suis même pas malade !

05 mars 2006

4 b Le dîner spectacle ne passe pas

Le soir nous décidons d'aller voir un spectacle de danses traditionnelles khmères. Je n'ai même pas pris la peine de faire des photos, sachant qu'elles seraient sans doute loupées, on était trop loin pour que ça rende quelque chose. Mais c'était très agréable à regarder. Il y a aussi un buffet, avec plein de bonnes choses à manger. Malheureusement, depuis le matin j'ai un sentiment de nausée. C'est rare pourtant, je ne comprends pas d'où ça vient. Alors j'évite de manger trop. Dommage, parce que c'était très bon.

Retour à la guesthouse. Jin est fatiguée, elle va se coucher. Moi je descends au restaurant discuter avec Enzo. Comme on doit partir à 5h30 le lendemain pour prendre le bateau pour Phnom Penh, j'insiste pour payer la chambre. Mais la patronne n'est pas là, et les garçons ne peuvent pas me dire le prix. Les "garçons" se sont des chauffeurs de tuk-tuk embauchés par la guesthouse pour 25 dollars par mois. Ils ne sont pas seulement chauffeurs, ils servent aussi de serveurs, grooms, réceptionnistes, selon les besoins. Ils sont nourris logés, ce qui veut dire qu'ils doivent être disponibles 24h sur 24. Quelle vie ! Si la journée ils conduisent des clients sur les temples, l'argent ne leur revient même pas, ça va dans la poche des patrons ! Malgré ça ils gardent le sourire et sont toujours prêts à plaisanter avec les clients. On se met d'accord avec un d'eux, il nous conduira en ville le lendemain à 5h30 pour prendre la navette pour le lac.

Au moment de regagner la chambre, catastrophe : le sentiment de nausée s'intensifie, je dois courir dans les escaliers pour arriver jusqu'aux toilettes, et je commence alors à vider mes entrailles par les deux bouts... Le début d'une nuit horrible. Jin est malade aussi, on fait une belle paire toutes les deux ! Après réflexion on se dit que ça devait être l'eau utilisé pour le jus de citron à la crêperie qui était contaminée. Il suffit de peu pour attraper la turista...

4 a Les rizières




Le ciel étant toujours voilé, on a définitivement fait une croix sur le lever de soleil. On change de chauffeur par contre, Andy est retenu ailleurs. On change aussi de domicile, François doit recevoir d'autres personnes, alors on va à la guesthouse (sorte d'hôtel moins chic qu'un vrai hôtel) où loge Enzo.

Et puis tant qu'à changer, on abandonne carrément les temples pour aller escalader une colline qui surplombe les rizières. C'est super beau. Les photos ne rendent pas bien la couleur. C'est un vert complètement différent de celui qu'on voit dans les campagnes européennes. Très calme, très reposant. Ces terres là sont complètement immergées pendant la saison des pluies, et les habitants se déplacent en bateau.

Ensuite on va faire un tour en ville. La ville, c'est un bien grand mot. Toutes les rues ne sont même pas bitumées. Alors imaginez la poussière alors qu'on est au milieu de la saison sèche. La poussière, c'est notre plus fidèle accompagnatrice depuis le début du voyage. Avec les vendeurs et les mendiants, qui à tout instant nous accostent. Je donne un peu d'argent, mais je ne peux pas non plus donner à tout le monde...

3 b Crêpe à la Carhaisienne

Une crêperie vient d'ouvrir à Siem Reap, nous décidons d'aller jeter un coup d'oeil pour le dîner. La serveuse nous accoste à l'entrée, on demande à voir le menu. Les prix paraissant corrects, je demande si le patron est là, je ne voudrais pas manger n'importe quoi comme crêpe. En fait ce sont 3 copains qui ont ouverts ça, et ils viennent de Carhaix ! Pour ceux qui ne le savent pas, Carhaix n'est pas loin de chez mes grands-parents. Je me dis que je peux donc leur faire confiance pour briser ce voeu fait il y a plus de 10 ans : ne plus jamais manger de crêpes hors de Bretagne.

Jin commande une complète, et moi une jambon-fromage. Hmmm, je dois dire que retrouver le goût du blé noir dans ma bouche est un immense plaisir ! La froment caramel qui suit est très bonne aussi. Je ne crois pas qu'il y ait de vraie crêperie à Bangkok, un créneau pour moi quand j'en aurais marre de mes étudiants ?

3 a Banteay Srey






Le lendemain, direction le plus féminin des temples : Banteay Srey. Srey veut dire fille. Banteay, j'ai oublié. Il est en pierres roses, avec des sculptures encore plus fines et détaillées qu'ailleurs.

Les temples sont des merveilles, mais observer les touristes qui les parcourent est un loisir tout aussi intéressant. Surtout les Japonais ! Les femmes japonaises, qui tiennent à leur teint de lait, ne veulent pas prendre la moindre couleur. Elles sont donc couvertes des pieds à la tête, mains comprises ! Oui ! Elles portent des gants par 32° ! Des gants blancs en plus, vu la poussière c'est sans doute pas le plus approprié !

Il y avait énormément de Français. Beaucoup d'Anglais et d'Allemands aussi. Des Japonais et des Coréens. Mais peu d'Américains, alors qu'ils sont omniprésents à Bangkok. Ca change d'accent. Les Khmers s'adaptent, ils connaissent quelques mots dans chaque langue. Ca sert pour attirer les clients. Les temples sont entourés de vendeurs, de 5 à 65 ans, qui essayent de vendre qui un ananas, qui un guide touristique, qui un sac. On est sans cesse interpellé : Lady, nice lady, where do you come from ? Do you want to buy water ? Do you want to buy my hats, I have many colors, Madam. Si on dit qu'on vient de France, alors la réplique typique est : Capitale, Paris. Ils apprennent tous les capitales comme ça. Même les enfants les plus jeunes sont capables de compter jusqu'à 10 dans 4 ou 5 langues. Mais c'est triste de voir ces enfants travailler. Ils le font souvent pour pouvoir payer l'école, ou plutôt l'instit. L'école est gratuite, mais il faut rétribuer le maître. Alors quand ils ont assez d'argent (encore 100 et 500 riels par jour) ils vont à l'école une demi-journée (comme il n'y a pas assez de maîtres, les élèves tournent, une semaine le matin, une semaine l'après-midi), et travaillent le reste de la journée.

2 c Coucher de soleil




Direction ensuite une colline pour admirer le coucher de soleil (il se couche vers 18h ici, fénéant, va !). Il faut le mériter, ça monte dur, et même pas de marches cette fois-ci ! On vient en aide à une Anglaise qui fait une crise de panique à l’idée de ne pas pouvoir redescendre dans le noir. On lui promet de l’aider à descendre après le coucher de soleil (de jour), mais impossible de la retrouver. Le coucher de soleil attire la foule. Ces gens sont-ils tous si tristes ? (cf Le Petit Prince). En fait le ciel est voilé, ça ne donne pas grand-chose d’exceptionnel, c'est juste un coucher de soleil, quoi.


Le soir on va manger avec François, sa femme, Enzo, un Franco-Italien, et la soeur d'une copine à lui (khmère). Enzo nous rejoindra ensuite pour le départ vers Phnom Penh.

Le ciel n'était pas clair, nous décidons de dormir le lendemain matin, et de ne pas nous réveiller à 5h pour aller voir le lever de soleil. Bonne idée, le ciel est encore plus couvert le lendemain !

2 b Tomb Raider et temples majestueux





L’après midi continue avec… des temples. Dont celui qui a servi au tournage de Tomb raider. Deux tigres, de Jean-Jacques Annaud a été tourné dans le coin aussi, mais je ne sais pas à quel endroit exactement. Les arbres centenaires qui emmêlent leurs racines dans les pierres, c’est, ce qui me touche le plus.

Des enfants nous servent de guides à travers un chemin dans la forêt pour aller voir une porte. A la fin ils nous demandent de l’argent. Nous n’avons pas de petites coupures, nous sommes bien embêtées. On s’en sort en leur donnant quelques baths, des bonbons et des biscuits. Je crois que c’est l’heure d’une petite digression sur l’argent. La monnaie locale est le riel. Mais la monnaie usuelle est le dollar (plus facile pour les trafics internationaux…). 1 dollar équivaut à 4000 riels. La petite monnaie est rendue en riels. Par exemple, si on donne 2 dollars pour quelque chose qui coûte 1,50, alors on nous rend 2000 riels. Les baths thaïs sont aussi couramment acceptés. Et tous les Khmers, de tout âge, passent facilement d’une monnaie à l’autre, en les mélangeant même allègrement pour les paiements, sans problème de conversion (un bon exemple pour les Européens encore à la peine avec l’euro).

Ensuite nous continuons par le célèbre Angkor Wat, symbole du Cambodge, il est reproduit sur le drapeau.

2 a A l'assaut des temples








Angkor est l'ancienne capitale du royaume khmer. Les temples (d'abord hindouistes plus bouddhistes) y ont poussé comme des champignons entre le IXe et le XIVe siècle.

Voilà pour la phrase d'intro. A vrai dire je n'ai pas du tout étudié l'histoire, donc je ne vous dirai rien de plus. Je ne suis même plus capable de me rappeler des noms des temples, donc vous n'en lirez pas beaucoup ici ;-) Mais si vous voulez vraiment savoir, n'hésitez pas à demander, je retrouverai ça !

Andy vient nous chercher à 8h. On commence par Angkor Thom, une ville entière ceinte par un mur de 12km de long. Première ascension, je me découvre des velléités de biquette, mais Jin a plus de mal. Les marches sont très hautes, et très étroites. C'était fait exprès pour que les hommes arrivent courbés au sommet, dans une attitude de révérence envers Dieu. Effectivement c'est dur de monter droit comme un I, comme vous pouvez voir sur les photos (c'est Jin au premier plan).

Les sculptures sur les temples sont magnifiques. Il y a notamment les Apsara. Ce sont des danseuses célestes. Elles sont magnifiques, je veux avoir un corps comme elle !

A midi nous mangeons dans un "restaurant" près d'un temple. Une espèce de hangar, des tables, il ne faut mieux pas demander à voir la cuisine, sinon on ne risque pas de manger. Découverte des prix khmers. Ouh la, ça fait mal, c'est beaucoup plus cher que la Thaïlande. 3 dollars pour une assiette, alors qu'en Thaïlande on aurait la même chose pour à peine plus d'un dollar. Et pourtant le Cambodge est beaucoup plus pauvre. On se rend compte tout de suite que notre budget nourriture va être vite explosé. C'est pas grave, on économisera sur autre chose.

1 Le petit train dans la plaine

Réveil à 5h pour prendre le train à 6h30. C'est tôt ! La gare n'est pas vraiment une gare, juste une baraque pour vendre les billets et un semblant de quais. Je suis évidemment la seule farang parmi tous ces Thaïs qui vont au travail. Banquette en bois, pas de clim, fenêtres ouvertes sur la poussière, on est tout de suite plongée dans l'atmosphère du voyage. On arrive à Aranyaprathet, la ville frontière à midi. Un tuk-tuk nous conduit jusqu'au poste de frontière, non sans un petit détour par une agence qui fait des visas. Le prix ? 1200 baths. Mais nous avons pris nos renseignements et nous savons que ça coûte normalement 1000 baths, donc on ne reste pas.

La frontière, hop, on passe au Cambodge, à Poi Pet. Mais on n'a toujours pas nos visas. Alors on demande à des policiers où ça se passe, et combien ça coûte. 1200 baths. Ah non ! Si les policiers s'y mettent aussi, on n'est pas sortis de l'auberge ! Finalement un gars qui bosse pour une asso de tourisme nous prend sous son aile et nous guide vers le bureau officiel qui pratique le vrai prix (1000 baths donc, soit 20 euros). Ensuite on part pour le point de départ des taxis et vans pour Siem Reap. On avait décidé de prendre un taxi, plus confortable et plus rapide que les vans. Et moins d'arnaque. Avant de partir on déjeune. Deux Anglais se joignent à nous. On leur propose alors de partager le taxi avec nous, mais trop tard, ils ont déjà pris leurs billets de van (on en retrouvera un plus tard, il nous dira avoir regretté !).

La route est horrible, souvent c'est plus une piste qu'une route. Et pourtant elle vient d'être refaite ! On met 3h30 pour rejoindre Siem Reap. Là problème, le chauffeur ne comprend pas le plan que j'ai pour rejoindre la guesthouse. Et il ne parle presque pas anglais... J'essaye de mettre mon sens de l'orientation sur le coup, mais on ne trouve toujours pas. Alors on s'arrête devant un magasin. Tenu en fait par des Coréens, très sympas. Ils téléphonent aux différents numéros que j'ai, et finalement me disent qu'on doit aller retrouver quelqu'un devant un hôtel. Retour à la voiture. Mais le chauffeur est anxieux, il veut retourner à Poi Pet le plus vite possible. Il a eu plusieurs coups de fils pendant le trajet, quelque chose a dû se passer là bas. Alors il nous paye un tuk-tuk pour aller jusqu'à l'hôtel ! Le monde à l'envers !

On retrouve finalement Andy, le chauffeur de tuk-tuk qui travaille avec François. Il est français, marié à une Philippine, et ils ont 4 petits garçons. Ce sera notre famille pendant 3 jours. Dîner en famille, et dodo tôt, nous sommes fatiguées.