30 mars 2011

Etre ou ne pas être un pays

Il y a longtemps déjà, j'avais dit que je vous parlerai de la situation politique locale. Taïwan, est-ce un vrai pays ?

Comme j'en ai parlé dans un article publié dans le dernier Brud Nevez, je vous ai traduit le tout. Vous avez un peu de temps ? Bonne lecture !

Taïwan fait la même taille que la Bretagne : 36 000km2 (Bretagne à cinq départements : 33 000). Elle fait 394 km du nord au sud, et 144km d’est en ouest. C’est un pays montagneux, et pas qu’un peu : le point culminant, le mont Yu Shan fait 3982m, on y trouve même de la neige. D’une manière générale, il y a deux saisons : l’hiver frais et humide (voire froid, par exemple le 30 janvier à 18h30 il ne faisait que 7°) et l’été, chaud et pluvieux. Donc oui, il pleut souvent, encore une ressemblance avec la Bretagne.

Les montagnes sous un ciel gris, vue typique du Nord de Taïwan

Par contre, alors qu’il y a quatre millions d’habitants en Bretagne, ils sont 23 à Taïwan. Et la moitié de l’île est pratiquement inhabitée, ce sont des montagnes et des forêts. Donc la densité est très forte : 629 hab/km2, c'est-à-dire 5,5 fois plus qu’en France. 98% de la population sont des Hans originaires de Chine continentale, et 2% sont des aborigènes.

Une rue de Taipei

On connaît Taïwan grâce aux produits « Made in Taiwan », cependant il ne faut pas croire que le pays est une usine à ciel ouvert, même si la haute technologie marche très bien (informatique, biotechnologie, GPS…). De nos jours, l’industrie ne représente qu’un quart du PIB. Ce sont les services qui créent la plus grande partie de la richesse (71%). Il n’y a plus beaucoup d’agriculteurs (seulement 5% des travailleurs). Taïwan est un pays riche et développé comme les autres dragons asiatiques : la Corée du Sud, Hong-Kong et Singapour.

Mais est-ce vraiment un pays ?

Pour comprendre, il faut s’intéresse un peu à l’histoire de Taïwan.

Autrefois on l’appelait Formose. C’est un mot portugais qui signifie « magnifique ». En fait, les Portugais ne sont pas restés très longtemps ; les Flamands et les Espagnols ont eu plus de succès. Les Japonais et les Chinois ont aussi cherché à tirer le meilleur parti de l’île.

Mais raconter toute l’histoire prendrait trop de temps, alors faisons un saut jusqu’à la fin du XIXème siècle. En 1894, Formose est devenue une colonie japonaise après la guerre sino-japonaise. Les Japonais l’ont modernisée en y introduisant le chemin de fer, de nouvelles techniques pour l’agriculture et en mettant en place une administration efficace. En outre, ils ont construit des écoles, des hôpitaux, etc. Mais en 1945, Taïwan est redevenue chinoise suite à la reddition du Japon.

A cette époque en Chine les Communistes (partisans de Mao Zedong) et les Nationalistes (le Kuomintang, les partisans de Chiang Kai-Shek) étaient en guerre. Le perdant fut Chiang Kai-Shek et il trouva refuge à Taïwan à partir de 1949 et Taipei devint la capitale de la République de Chine (à ne pas confondre avec la République Populaire de Chine). Même si la RDC n’était pas communiste, c’était pratiquement une dictature. La loi martiale était en vigueur jusqu’en 1987. Chiang Kai-Shek a été président jusqu’à sa mort en 1975, puis il a été remplacé par son fils Chiang Ching-Kuo. Les premières élections libres n’ont eu lieu qu’en 1996. Pour ce qui est de l’économie, le Kuomintang, le seul parti politique, était très libéral, mais les libertés fondamentales des Taïwanais n’étaient pas respectées.


Chiang Kai-Shek

Jusqu’aux années 1990, le but officiel du gouvernement taïwanais était de reconquérir la Chine, mais cette idée a été abandonnée. De l’autre côté de la mer, le gouvernement chinois considère Taïwan comme une de ses provinces. Pour l’ONU et beaucoup de pays, dont la France, il n’y a qu’une Chine. Pourquoi ? Je peux vous donner la raison officieuse : ils évitent tous de se mettre la Chine à dos, pour des raisons politiques et économiques.

Et alors, Taïwan est indépendante ou pas ? Ce n’est pas officiel, mais dans les faits, oui. Voici pourquoi je peux l’affirmer : il y a un président et un gouvernement, une monnaie (le nouveau dollar taïwanais), Pékin n’intervient pas dans les affaires intérieures*. Et une preuve irréfutable : les avions qui font la liaison Pékin-Taipei décolle du terminal international !



* J'ai écrit cet article il y a 2 mois. Depuis, je sais que les relations entre Taïwan et la Chine sont loin d'être hostiles. Le Kuomintang prône maintenant un rapprochement pragmatique avec le voisin. Et je crois même que l'influence de la Chine est encore plus forte que ça. Ou alors, comment expliquer que Taïwan accepte la propagande chinoise sur son territoire ? Je m'explique : dimanche j'ai vu une grande banderole déployée sur un immeuble qui disait : "Le bouddhisme tibétain n'est pas un vrai bouddhisme. Les lamas ne sont pas des vrais moines et nonnes bouddhistes". Je ne vois pas pourquoi les Taïwanais en voudraient aux Tibétains ! Et il y a plusieurs écoles de bouddhisme, c'est un fait, aucune n'est supérieure aux autres. Donc je suis convaincue que c'est une idée venue de Chine continentale.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

kant giz kant bro...