06 mars 2012

Les petits bâtons

 La dernière fois que je suis allée à l'hôpital, la docteure m'a donné des devoirs à faire. Tous les matins, de 8h à midi, je dois compter le nombre de mouvements du bébé et faire des petits bâtons dans un tableau. Arrivée à 10, je peux m'arrêter. Si jamais il y a moins de 10 mouvements, je dois être plus attentive l'après-midi. Mais on ne m'a pas dit quel était le point critique qui nécessitait un contrôle à l'hôpital.

Je trouve ce système assez stupide. Pourquoi compter seulement le matin ? D'autant que les bébés sont souvent plus actifs le soir quand la mère est au repos. Si on veut vraiment surveiller les mouvements de près il faut le faire tout le temps, non ? D'ailleurs certains matins je n'ai senti le bébé que 2 ou 3 fois. Parce que j'étais occupée à faire autre chose, parce que c'était un jour plus calme pour lui, il y a plein de raisons. Mais un système comme ça peut être angoissant pour les futures mères. Sur les sites français ils disent qu'il faut sentir le bébé tous les jours. Si on ne le sent pas pendant une période relativement longue, ils conseillent de s'allonger et attendre que le bébé se manifeste. S'il ne bouge toujours pas, direction l'hôpital. Ça me semble beaucoup plus sensé.

Et puis faire des bâtons c'est très infantilisant. Ça me rappelle une de mes copines au collège qui allait chez l'orthophoniste et devait noter la position de sa langue au réveil. Une fois elle ne l'avait pas fait et avait rempli son tableau juste avant le rendez-vous. Mais l'orthophoniste l'avait remarqué : elle avait utilisé toujours le même stylo, ce n'était pas crédible.

J'ai bien retenu la leçon. Mon tableau reste à la maison et tous les 2 ou 3 jours je fais des petits bâtons en changeant de stylo de temps en temps. Évidemment je suis attentive aux mouvements du bébé, mais le chiffre 10 n'est pas devenu mon Saint-Graal et je ne compte pas chaque petit coup.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

"Des p'tits bâtons, des p'tits bâtons, encore des p'tits bâtons..." (sur un air connu).
Juste un moyen de passer le temps ? Ou de stresser la maman ?
Pas encore né, déjà obligé de faire les choses à heures fixes ?

Maguy

Maï a dit…

La Thaïlande n'est pas un pays où on stresse les gens, ni où on est à cheval sur les horaires, au contraire !

Donc une explication à laquelle j'ai pensé c'est que cette tâche simple et précise est une façon de "discipliner" les mamans qui autrement ne feraient pas assez attention, par insouciance.

Mais c'est juste une hypothèse.

leo a dit…

tu parles de "discipliner les mamans qui autrement ne feraient pas assez attention, par insouciance"... ça me choque, une maman reste une maman non ? donc attentive, ou alors le milieu médical est il assez infantile lui ?

leo a dit…

pfiouuu, j'ai dû m'y remettre à 5 fois pour lui dire que je n'étais pas un robot, et 5 fois là déjà, faut s'accrocher ;)

Maï a dit…

La société thaïe en générale est infantilisante : il faut obéir aux parents, aux profs, aux chefs, sans chercher à réfléchir au pourquoi ou au comment. Les enfants restent des enfants jusqu'à leur mariage. Mes élèves ont toujours plusieurs années de retard de maturité par rapport à des élèves français, parce qu'ils sont élevés de manière à ce qu'ils restent petits.

Dans le contexte de l'hôpital c'est pareil : le docteur dit, le patient fait. Je dois être une des seules à poser des questions lors des rendez-vous...

C'est pour ça que je relie les petits bâtons à cet état d'esprit, mais je me trompe peut-être !

Namfarang a dit…

Quand je ne sentais pas mes enfants bouger pendant un bon moment, je buvais un grand verre d'eau et me couchais sur la gauche, très souvent ils n'attendaient pas long avant de se manifester
:-)

Pas de petits bâtons non plus.

Et comme tu dis, nous avons tellement d'occupation que pas possible toujours de compter ou y faire attention (sauf lorsque les coups sont immenses, voire désagréables). J'avais bien, pour Alyssa, une application sur mon iphone, mais bon, y penser à chaque fois, sortir l'iphone et être à temps, pffff

(pareil pour compter les têtées, les dodos et autres pleurs: sur le moment, j'ai d'autres choses à "foutre" que de sortir mon application ou compter les minutes -> j'm'occupe de ma tite nénette).

Chuis contente d'avoir été enceinte et accouché ailleurs qu'en Thaïlande - déjà l'élever 2 ans là-bas ça n'a pas toujours été facile pour le mélange culturel, si en plus il avait fallu faire des petits batons sur ma hutte en bambou, euh ... rhoooo

Courage pour la presque dernière ligne droite.

Bises helvètes

Maï a dit…

Pour le moment je suis toute seule à devoir gérer le mélange culturel et j'arrive à m'en sortir, donc c'est peut-être plus facile de naître en Thaïlande que d'y vivre par la suite ?

Namfarang a dit…

Aucune idée et je ne le saurai jamais, tu sais aussi bien que moi que mes soucis ne venaient pas de là et que ce n'est pas à cause de cela qu'on a dû rentrer.
Et ayant maintenant une petite farang complète en plus de son luuk krung de frère ... Y'a parfois des différences aussi dans la manière d'éduquer et même du discours des sage-femmes à la maternité.

Je pense qu'il est plus facile de "défendre" ses propres convictions quand on parle la même langue et partageons une même base culturelle (ça oui!), malgré quand même des difficultés.

La grossesse et les premiers mois de vie d'un enfant sont des ponts phares et pour la plupart des femmes, déstabilisante. Si on n'a pas de notions de base, étant dans un pays comme la Thaïlande, ça peut perturber!
;-)

Becs

Maï a dit…

C'est intéressant ce que tu dis.

Pour le moment on me laisse tranquille. A l'hôpital ils ne me posent pas de questions sur ma vie quotidienne ou mes idées, donc ils ne savent pas que je fais des choses inattendues (du vélo tous les jours par ex). Et ceux qui savent ne me font pas de remarques non plus (à part sur le fait que je ne mange pas de noix de coco !). De toutes façons les gens s'attendent à ce que je fasse des choses "bizarres" puisque je suis étrangère.

On verra pour la suite, ça sera sans doute plus compliqué c'est vrai. En même temps, un avantage de ne pas parler la même langue c'est qu'on peut facilement fermer ses oreilles si ce qu'on entend ne nous plaît pas ! :-D