03 septembre 2013

Luodai et les Hakkas


 En compagnie d'une collègue, nous avons passé l'après-midi à Luodai. Il s'agit d'une petite ville à une vingtaine de kilomètres à l'est de Chengdu. 




Contrairement à Jie Zi, ici c'est du vrai vieux. La rue ancienne (rue unique, mais elle fait quand même 1km de long) est entièrement consacrée au tourisme, mais c'est de bonne guerre. Et le temps a fait son ouvrage, la peinture s'écaille, ça sent l'authentique. Certains bâtiments mériteraient même une petite rénovation bien menée. 



Il y avait beaucoup de badauds pour un mardi. Je pense que c'est une destination à fuir comme la peste un jour férié ou même le week-end. 

Une stèle de dessaoulement. Ceux qui avaient abusé de l'alcool de riz y étaient enchaînés, on ne les relâchait qu'une fois dessaoulés.


 La rue principale est très propre, comme d'habitude, mais dès qu'on s'éloigne un peu c'est moins reluisant...

La grande particularité de Luodai c'est que certains de ses habitants sont hakkas (le h a son importance, il y a des Akkas en Thaïlande, mais ils n'ont rien à voir). Les Hakkas font partie des Hans, l'ethnie majoritaire. Mais ils ont une langue propre et des habitudes distinctes. Ils viennent du nord (Hubei), des rives du Fleuve jaune, et ont migré vers le sud à cause des guerres et pour trouver de meilleures terres. La majorité d'entre eux vivent dans le sud-est (Guangdong, Guangxi, Fujian...), mais certains sont venus dans le Sichuan par le passé pour aider les Sichuanais, un peu en retard, à développer leur province. 

Ils ont notamment parsemé Luodai de "Guild Halls". "Maisons de guildes" ? Des édifices impressionnants qui servaient de lieux de rencontre, de sites religieux (offrandes aux ancêtres), d'hébergement pour les visiteurs...



Le premier que nous avons visité renferme un musée sur les Hakkas. Ma collègue et moi avons été agréablement surprises par le nombre de panneaux en anglais. 




 Mais, à vrai dire, je n'ai pas trouvé les éléments présentés particulièrement distincts de la culture chinoise en général. Je me suis dit que c'est parce que je ne connais pas assez la Chine, et que je ne vois pas les nuances. Mais Wikipedia ne pointe que trois différences majeures. La première me laisse perplexe, puisqu'il s'agit du culte des ancêtres, qui est quelque chose de très important pour tous les Chinois, à ma connaissance.

La deuxième est plus flagrante puisqu'il s'agit des maisons rondes. Dans le sud-est, les Hakkas ont inventé une forme d'architecture origale, les immeubles collectifs ronds. Un bâtiment inspiré de ces maisons a été construit dans le centre de Luodai. 



 L'extérieur est massif et austère (on appelle d'ailleurs parfois ces immeubles des forts), mais j'adore l'intérieur ! 

Un autre musée hakka occupe les lieux. Il est flambant neuf, mais ne compte que trois ou quatre panneaux en anglais, c'est dommage ! 

La troisième particularité, ce sont les arbres généalogiques, répandus chez les Hakkas. En voici un. 


Les hommes hakkas se tournaient souvent vers l'armée ou le commerce, et laissaient le travail de la terre aux femmes. Ils étaient globalement plus éduqués que les Chinois moyens, et beaucoup de Hakkas ont eu un rôle significatif dans l'histoire du pays. Deng Xiaoping par exemple. D'autres ont préféré tenter leur chance à l'étranger. La plupart des Chinois de la Réunion ou Tahiti sont hakkas, tout comme 15% des Taïwanais. 

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel âge a l'arbre généalogique ? Il paraît ancien. Je me demande combien de générations peuvent figurer sur une page...
Maguy

Maï a dit…

L'arbre a plus de 100 ans, mais c'est tout ce que je sais. La dynastie Qing a commencé en 1644 et s'est terminée en 1911. En général pour dater un événement on donne la dynastie et l'année du règne d'untel, mais ici on n'a pas toutes les données.

Il n'y a pas tellement de gens sur une page, John n'a repéré que quelques noms, le reste ce sont des histoires.

leo a dit…

toutes ces couleurs, j'adore ce pays... bon les poubelles m'ont un peu douché quand même

Maï a dit…

Tu adores les photos de ce pays, c'est différent ;-)