07 novembre 2009

Histoire de chiffres

Je vous ai déjà parlé des pronoms personnels en thaï, et particulièrement du fait qu'ils sont souvent omis. C'est une constante en thaï, quand les informations sont claires d'après le contexte, on ne les dit pas. Dans mes cours de sociolinguistique on appelle ça "high-context language". Le français est plutôt une "low-contest language", les choses sont dites plus clairement.

Et ça marche aussi pour les chiffres. Par exemple, si on me demande le loyer de mon appartement, je peux répondre "6". Tout le monde comprendra que ça veut dire "6000 bahts" puisqu'on s'attend à ce que je vive dans un logement de cet ordre de prix. Par contre si j'étais expatriée pour une boîte française, et si je répondais "6", mes interlocuteurs sauraient que je parle de "60 000 bahts" puisqu'on n'a jamais vu un expat' dans un studio à 120 euros.

Pour comprendre le thaï, plus que les langues qui sont plus proches de nous, il ne suffit donc pas de comprendre les mots, il faut toujours faire attention au contexte qui entoure la conversation, et plus généralement à la réalité socio-économico-culturelle du groupe et du pays !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

à l'extrême ouest , tu serais payée en " briques " , tu em prunterais en " patate " au crédit du même nom , tu dépenserais en " bâtons " . ceci rentre dans le langage imagé ? AM.

Sonka a dit…

Très intéressant !

@ AM : mais utilise-t-on encore tout cela ? C'était très courant... en francs, mais j'ai l'impression que depuis l'euro ces expressions sont tombées en désuétude (peut-être parce qu'on ne sait plus trop alors de quoi on parle, de l'ancienne ou de la nouvelle mesure ?)

Maï a dit…

En francs j'avais déjà du mal à savoir à quoi correspondaient les patates et les briques, alors c'est sûr qu'en euros je ne risque pas de les utiliser. Et comme Sonka, je crois bien que le passage à l'euro a tué plein de mots d'argot : on peut aussi citer les balles.

Anonyme a dit…

oui , vous avez raison ,le passage a l'euro à concentrer les esprits sur la conversion ( pour ne pas faire d'erreur ! ) et modifié les termes imagés , n'empêche qu'à la faveur de la crise financière plusieurs ont voulu récupérer " leurs billes " . ici on ne peut pas parler simplement d'argent il faut souvent passer par un équivalent , ou annoncer une somme "aproximative " : demandez à votre voisin ou voisine combien il/elle gagne ....ou dépense ?
on entend encore " les espèces sonnantes et trébuchantes " à l'heure de la carte bancaire . AM.

iubito a dit…

tiens, ça me rappelle en Roumanie, au moment de monter dans un bus, on me demande "6". Donc j'ai compris 6000, puisque les pièces de 500 n'existaient presque plus, tout le monde enlevait les "mille" des montants.
Sauf que quelques mois plus tard, la monnaie allait être changées, pour retirer quatre zéros, donc 6 "futurs nouveaux" lei = 60000 anciens.
Le chauffeur du bus me réclamait bien 60000 anciens... un peu cher... mais pas le choix!