28 août 2009

Qu'est-ce que je te sers ?

Ceux d'entre vous qui ont eu la gentillesse de nous inviter lors de nos vacances au printemps dernier ont pu être surpris par la réponse de John à cette question cruciale : "Qu'est-ce que je te sers". Presque toujours il répondait "n"importe quoi" (voulant dire "peu importe"). Vous avez été surpris, et même décontenancés, puisqu'on ne sait quoi offrir dans ce cas : avec ou sans alcool ? avec ou sans bulles ? avec ou sans cacahuètes ?..

C'est en fait la réponse correcte et polie dans un contexte thaï. Comme vous le savez, en Asie, il faut éviter de faire perdre la face à son interlocuteur. Ainsi, si je demande un jus d'abricot et qu'il n'y en a pas, mon hôte risque de perdre la face. Et, pour m'éviter de perdre la face à mon tour, par son refus, il va essayer de répondre à ma demande coûte que coûte, quitte à devoir sortir pour en acheter. Comme vous le voyez, ce concept de face est très fort, et donc pour éviter les méli-mélo style "tu m'as fait perdre la face, mais moi je veux t'éviter ça", on évite d'exprimer sa préférence et on se contente de ce qu'on nous donne.

Pour ça, les mœurs occidentales sont quand même beaucoup plus simples : "Du jus d'abricot ? Non, on n'en a pas, tu veux du jus d'orange ?" Hop, terminé, on passe aux saucisses cocktail.

7 commentaires:

Enn a dit…

Je comprends très bien la réaction de John. Moi, je fais pareil, sauf quand il s'agit de boire de l'alcool, car je ne l'aime pas trop. En revanche, pour ne pas mettre mes hôtes dans une situation délicate, avant de répondre, je demande: qu'est ce que vous avez à boire? Certes, énumérer ce qu'il y a peut être long, mais comme ça, j'évite de demander quelque chose qu'ils n'ont pas à la maison. Tu as raison Maï, en France on nous répond sans histoire que l'on n'en a pas, point barre. Mais je le fais quand même, car je n'ai pas envie de les embarrasser.Juste pour info, en Hongrie, souvent, on prend une bouteille et on te le propose. Donc, souvent, tout le monde boit la même chose. C'est l'hôte qui décide quoi. Mais si c'est trop fort pour toi, tu peux dire non, au pire des cas on te propose quelque chose de moins fort. Mais par politesse, il est préférable d'accompagner les autres avec un verre dans ta main, peu importe ce qu'il y a là-dedans...Parfois je fais avec du jus de fruit...

Maï a dit…

Oui, voilà, tu demandes ce qu'il y a. Les Français le font souvent aussi. Mais pour un Thaï c'est déjà à la limite de l'impolitesse...

Maï a dit…

Et merci pour ton témoignage ! :-)

Sonka a dit…

Oui, je trouve comme Enn, qu'en France on demande d'abord ce qu'il y a. Il me semble que je n'ai jamais vu quelqu'un répondre "je veux du jus de carotte" ou "du banyuls blanc" à la question "qu'est-ce que je te sers". Dans le meilleur des cas, on demande ce qu'il y a, ou au pire, on demande un truc assez générique, genre "quelque chose sans alcool", "du jus de fruit", "un vin cuit". Bref, quelque chose qu'on est presque sûr que la personne a.
Et sinon en tant qu'hôte, je n'attends même pas qu'on me fasse préciser, je propose ce que j'ai, ou alors je mets tout sur la table de l'apéro. Il me semble que c'est très courtois et que ça ne peut faire perdre la face à personne. ;o)


Au fait, je te le dis pas assez souvent, mais bravo pour tes articles toujours super !

Maï a dit…

Merci Sonka ! :-)

C'est vrai qu'en France on demande souvent ce qu'il y a avant. Mais si on est chez des proches, ça se fait de demander directement, si on reste dans le domaine du possible, évidemment ! Enfin, moi ça m'arrive de le faire, personne ne me l'a jamais reproché. J'espère que derrière mon dos ils ne disent pas que je suis mal-élevée ! ;-)

Beaumont a dit…

Ma réponse à la question "qu'est-ce que je te sers" a toujours été "qu'est-ce que tu proposes ?". Mais ici, c'est vrai que c'est toujours "aray koday", et parfois c'est pénible parce que tu ne sais pas comment faire plaisir.

Anonyme a dit…

en vrai breton on ne faisait pas tant de chichi , c'était : " prends un verre " le semblant de refus était vraie politesse et le visiteur devait vider le contenu du verre qui avait été servi à l'initiative et au choix de l'hôte , en laissant quelques gouttes au fond du verre pour indiquer qu'il était satisfait , lamper les dernières gouttes était impoli . c'était prends ce qu'il y a ou tu t'en passes : tant pis pour toi . avec proposition différente selon homme femme ou enfant .AM